Dimanche 30 Juillet : Essais Armorkite (kisskissbank)
Jean-Pierre et moi avons retrouvé Maxime devant la capitainerie de Port-Haliguen.
Nous découvrons le bateau presque à la sortie du port, à couple d'un autre bateau.
On attrape les haubans pour passer la filière du premier bateau, mais au moment de passer sur le bateau kite, plus de hauban pour s'accrocher. Heureusement le bateau est stable, plus bas et sans filière, donc pas trop de soucis pour embarquer, malgré la perte de repère.
Emma et Guillaume, navigateurs de la veille, nous aide à dérouler les lignes sur le ponton afin de vérifier la longueur des lignes, et préparer les réglages pour l'aile de 18m². Nous roulons ensuite les lignes sur l'enrouleur, moulinet de pêche au gros XXL accueillant les 4 lignes (plus que 3 après le Y où 2 des lignes se rejoignent) à la fois.
Les passants et voisins de ponton sont intrigués par ce mini bateau (6m50, d'où le nom AK650) sans mât. Le bateau de la capitainerie vient s'assurer que la nuit précédente a bien été payée. C'est bien ok, il y avait probablement un doute vu le nom "ArmorKite" écrit en gros sur la coque et différent du vrai nom du bateau, "VaCiLie", contraction des prénoms des muses de nos hôtes.
Après une courte explication du fonctionnement du bateau, nous rangeons nos sacs dans la cabine avant (je ne suis pas rentré à l'intérieur pour voir si je rentrais), Maxime démarre le moteur, on largue les amarres et nous voici partis.
Maxime réalise un beau demi-tour au moteur, ce qui met en confiance sur la pratique de notre skipper du jour.
Nous quittons le port, jusqu'à être un peu plus au large, hors du trafic et du dévent de la côte.
Maxime coupe le moteur, et jette l'ancre flottante à l'eau, nous voici en dérive lente vers le large, poussé par le vent.
Maxime nous propose de choisir entre la 12m² et la 18m² (la 25m² étant en réparation). Le vent n'est pas très fort (10 à 15kt), mais par prudence, je propose de prendre la petite. Maxime sort l'aile de la cabine et commence à regonfler les lattes (pas de one pump sur cette vieille aile). Avant de gonfler le boudin principal, on retourne l'aile et une personne la maintient au dessus du pont. L'aile est donc maintenu à l'envers par rapport à la position classique utilisée sur la plage pour gonfler l'aile, mais dans la position utilisée pour poser l'aile sur la plage. Une autre personne commence à gonfler l'aile. Une petite astuce permet à l'embout de sauter, juste quand la pression est suffisante.
Une fois l'aile gonflée, une personne continue à la tenir en la décalant d'un côté ou de l'autre afin qu'une autre puisse attacher les lignes aux extrémités de l'aile. Une fois les 4 lignes attachées (pas de 5ème ligne sur cette aile), l'aile est mise à l'eau et poussée sous le vent par le vent, plus vite que le bateau retenu par l'ancre flottante.
On déroule ensuite les lignes : une personne tourne la manivelle pendant qu'une autre "tire" les lignes vers l'extérieur du système, vers le kite pour l'aider à partir et ne pas avoir de mou dans les différentes renvois (sinon attention aux nœuds!). Les frottements sont en effet important car certains systèmes peu fiables ont été doublés, ou des renvois manquants. Cela devrait bientôt être amélioré. En attendant, une bonne communication est pour cela nécessaire (nous avons au début eu des difficultés de vocabulaire sur les actions à réaliser).
En théorie, une fois les lignes déroulées (longueur arbitraire), on décolle l'aile à partir de l'eau, comme en kitesurf.
En pratique, le vent est faible et le lancement ne fut pas si facile avec la petite aile. La difficulté principale dans ces conditions étant de retourner l'aile pour que le boudin ne soit plus en bas.
Différentes techniques furent essayées avec plus ou moins de succès :
L'aile fit parfois des tours sur elle-même, autour de l'axe des lignes, ou d'avant en arrière. Cela finit par compliquer le pilotage, et contrairement à une barre de kite classique, il n'y a pas moyen de défaire ces tours une fois en l'air (à moins de faire des kiteloops).
Une difficulté supplémentaire venait du fait que le trim n'était pas réglé pour la 12m2 est que nous ne connaissions pas son réglage. Le pire était lorsque l'aile n'était pas assez "trimmée". Dans ce cas, l'aile était surbordée même en lâchant complètement les lignes arrières, et avait tendance à partir en marche arrière (donc difficile pour décoller).
Une aile trop "trimmée" était plus facile à décoller en prenant les lignes en direct. Afin de reprendre le contrôle avec les poignées, il faut cependant faire le réglage en relâchant les lignes avant une fois l'aile en l'air.
Le pilotage de l'aile est assez similaire à ce que l'on peut faire en kitesurf. L'aile a peut-être besoin d'être plus bordée (en tout cas la 12m2, trop petite) pour avoir de la puissance supplémentaire.
Le barreur peut aider au pilotage de l'aile. La règle générale est d'avoir les lignes à environ 45° du bateau, jamais plus. Cela donne par exemple un bon repère pour le près quand l'aile est sur le côté de la fenêtre de vol. Au cas où l'aile repart dans la fenêtre pour une raison ou une autre (trajectoire, aile surbordée), il faut abattre pour la suivre. Sans cela la traction de l'aile peut devenir trop forte et faire gîter le bateau, ou endommager du matériel.
Nous avons eu le problème une fois où l'aile est repartie de l'autre côté de la fenêtre de vol suite à une erreur de pilotage. Malgré une action rapide pour suivre l'aile à la barre, l'aile s'est retrouvée à plus de 90° de l'axe du bateau, stoppant le bateau vers l'avant et stoppant également sa rotation, la barre ne permettant plus de manœuvrer. Nous avons entendu un claquement, mais sans constater de dégât. Ce n'est qu'en rentrant que nous avons vu que le chariot avait sauté d'un cran.
C'est peut-être une des pires choses qui puissent arriver en kiteboat, et qui a déjà conduit quelques pionniers à jeter l'éponge, le kite traversant la fenêtre pouvant conduire à un coup de gîte, un chavirement, un décollage du bateau, ou à blesser une personne se trouvant sous le vent dans le chemin de la ligne. Ici, vu que le bateau est stable, et que nous étions tout de même 3 à bord avec une petite aile et peu de vent, cela n'a pas été trop effrayant.
Une idée contre cela pourrait être d'avoir un largueur automatique, par exemple un bâton vertical qui serait poussé par les lignes au dessus d'un certain angle par rapport à l'axe du bateau.
Malgré cela, nous sommes ensuite passés à la 18m2 pour faire quelques bords avant un retour au coucher du soleil vers 22h.
Maxime chargeait ensuite le bateau sur la remorque. Le bateau en PVC/polystyrène ne pèse que 200kg ce qui permet de le tracter avec un permis B limité à 750kg, de naviguer sur tous les plans d'eau et d'éviter de payer une place au port toute l'année, ou des grutages fréquents.
Moteur 6CV
Très pratique, il permet de manœuvrer au port, puis au bateau de filer à 9kt, et de rentrer rapidement au port après les essais ou si le vent tombe.
Par contre, les lignes se sont prises plusieurs fois dans l'hélice. Un moteur jet permettrait d'éviter d'avoir ce problème. Un moteur inboard éviterait également d'avoir des éléments aériens qui dépassent dans lesquels peuvent se prendre également les lignes. Une autre solution est d'avoir un arceau sur l'arrière (dans l'air et sous l'eau) qui va empêcher les lignes de venir en direct (mais ce n'était pas tellement le cas).
On aurait pu utiliser la motorisation pour s'aider à lancer l'aile en mettant un peu de marche arrière, en stoppant complètement la dérive du bateau, voir pour reculer un peu, mais le bateau avec le pont ouvert vers l'arrière n'a pas l'air très adapté pour la marche arrière. A vérifier, notamment pour le support du moteur, pour l'instant assez fragile, ce qui expliquait le bout de sécurité relié au moteur.
Ancre flottante
Une ancre flottante était attachée à l'arrière tribord. A défaut de permettre de faire de la marche arrière, elle permet de ralentir la dérive du bateau, en s'ouvrant dans l'eau comme un parachute. Sans cela le bateau, conçu pour glisser le mieux possible sur l'eau, avance trop vite vers le kite, et il n'est jamais possible d'avoir les lignes tendues pour décoller l'aile.
Un bout (le bout vert) assure la traction. Un deuxième bout (le bout blanc) permet normalement de la ramener facilement en dégonflant le parachute. Malheureusement, l'ancre flottante avait tendance à faire des tours sur elle-même et au bout de quelques dizaines de tours, le mécanisme ne fonctionnait plus. Si l'ancre est attachée en un seul point, un émerillon devrait permettre d'éviter ceci. Les lignes du kite se sont également prises une fois dans l'ancre, suite à un peu de laisser aller à bord!
L'inconvénient de l'ancre flottante est que le bateau sans vitesse n'est plus manœuvrant à la barre (surtout si on oublie de descendre le safran relevable dans l'eau...).
La position d'accroche du point d'attache détermine le cap d'équilibre du bateau (tribord amure au portant dans notre cas. Du coup le bateau a tendance à se décaler à droite par rapport à l'axe de la direction dans laquelle va le vent. Le résultat est que le cerf-volant traînant un peu dans l'eau a une tendance à vouloir décoller à gauche de l'axe du vent, c'est à dire du mauvais côté par rapport à la direction du bateau.
Il serait possible de jouer sur l'angle d'équilibre du bateau en jouant sur la position du point d'attache de l'ancre flottante, soit en modifiant la position du point d'attache, soit en ayant une patte d'oie réglable et deux points d'attaches (ce qui pourrait également empêcher d'avoir des tours). Cela n'était cependant pas possible sur l'arrière bâbord à cause du moteur hors-bord.
Une fois que le cerf-volant est en l'air, on peut enlever l'ancre flottante. Si le cerf-volant tombe à l'eau, il faut rapidement la lancer à l'eau afin d'éviter que le bateau n'avance sur les lignes, et de perdre du temps à attendre que le cerf-volant dérive de nouveau au milieu de la fenêtre de vent pour le redécollage
5ème ligne
La 12m2 n'était pas équipée d'une 5ème ligne, bien présente sur la 18m2. Cette ligne, fixée au milieu du boudin, sert normalement pour la sécurité et permet de choquer complètement l'aile lorsque les 4 autres lignes sont larguées de quelques mètres.
Mais elle permet aussi de faciliter grandement le décollage, notamment dans le vent faible. Pour cela il faut à la fois tendre cette ligne et une ligne arrière pour faire basculer l'aile sur le côté.
Chariot
L'utilisation du chariot permet de limiter la gîte du bateau en le descendant un peu sous le vent. Pour cela contrairement à un chariot de grand voile, il faut mettre un peu d'énergie, la position d'équilibre étant au milieu. Remettre l'aile vers le zénith facilite donc la manœuvre.
Dérives
Le bateau est doté de deux dérives sabres asymétriques. Pour l'instant, elles sont simplement équipées d'une poignée pour les remonter. Au début nous descendions les deux dérives, ce qui permet de freiner le bateau pour les débutants, comme en "chasse-neige". Pour faire un peu plus de vitesse, on ne garde que la dérive sous le vent. La dérive au vent se cale en position haute, juste en tirant un peu dessus. Il faut bien le faire, sinon la dérive finit par retomber (en général par magie au moment où Maxime dit qu'il faudrait la remettre!).
Les lignes se sont également coincées une fois dans les dérives, mais sans difficulté pour les décoincer.
La dérive se met à chanter lorsque le bateau accélère, aux alentours de 7kt puis 12kt d'après Maxime, ce qui nous a donné une petite idée des performances.
Sécurité
Le bateau est considéré comme un bateau expérimental, et n'est pas soumis à la "Div 240".
Cela permet d'aller à 6 miles des côtes. Le bateau n'a pas de filière de sécurité, mais vu le peu de gite, ce n'est pas gênant dans la partie arrière. Il n'y a normalement pas besoin d'aller sur l'avant du bateau, mais cela pourrait arriver. Mouillage?
Nous avions à bord une VHF portable sur le canal 16, relié par un petit bout au bateau.
L'un de nous avait un couteau sur lui au cas de besoin de couper les lignes. Un étui de rangement pour un couteau de sécurité serait le bienvenu.
What is next?
Un deuxième bateau est en construction. L'objectif à terme étant une commercialisation du bateau pour permettre la pratique à tous.
En attendant, ArmorKite mise plutôt sur des formations ou des locations pour les "early-adopters" (armorkite, clickAndBoat). Pour cela Maxime et Thibaud suivent actuellement la formation de moniteur de voile qui devrait permettre la formation et la location de l'AK650 (notamment depuis que les activités liées au kite nautique ont été reprises par la Fédération Française de Voile).
Jean-Pierre et moi avons retrouvé Maxime devant la capitainerie de Port-Haliguen.
Nous découvrons le bateau presque à la sortie du port, à couple d'un autre bateau.
Le bateau sans mât surprend les passants |
Les redans sur les côtés de la coque peuvent apporter une stabilité supplémentaire au bateau.lorsqu'il gite fort. |
On attrape les haubans pour passer la filière du premier bateau, mais au moment de passer sur le bateau kite, plus de hauban pour s'accrocher. Heureusement le bateau est stable, plus bas et sans filière, donc pas trop de soucis pour embarquer, malgré la perte de repère.
Emma et Guillaume, navigateurs de la veille, nous aide à dérouler les lignes sur le ponton afin de vérifier la longueur des lignes, et préparer les réglages pour l'aile de 18m². Nous roulons ensuite les lignes sur l'enrouleur, moulinet de pêche au gros XXL accueillant les 4 lignes (plus que 3 après le Y où 2 des lignes se rejoignent) à la fois.
Les passants et voisins de ponton sont intrigués par ce mini bateau (6m50, d'où le nom AK650) sans mât. Le bateau de la capitainerie vient s'assurer que la nuit précédente a bien été payée. C'est bien ok, il y avait probablement un doute vu le nom "ArmorKite" écrit en gros sur la coque et différent du vrai nom du bateau, "VaCiLie", contraction des prénoms des muses de nos hôtes.
Après une courte explication du fonctionnement du bateau, nous rangeons nos sacs dans la cabine avant (je ne suis pas rentré à l'intérieur pour voir si je rentrais), Maxime démarre le moteur, on largue les amarres et nous voici partis.
Maxime réalise un beau demi-tour au moteur, ce qui met en confiance sur la pratique de notre skipper du jour.
Nous quittons le port, jusqu'à être un peu plus au large, hors du trafic et du dévent de la côte.
Maxime à la barre du moteur 6CV (à l'arrière bâbord). A noter aussi, les pare-battages qui se transforment en coussin. |
Maxime coupe le moteur, et jette l'ancre flottante à l'eau, nous voici en dérive lente vers le large, poussé par le vent.
L'ancre flottante attachée à l'arrière tribord |
Maxime nous propose de choisir entre la 12m² et la 18m² (la 25m² étant en réparation). Le vent n'est pas très fort (10 à 15kt), mais par prudence, je propose de prendre la petite. Maxime sort l'aile de la cabine et commence à regonfler les lattes (pas de one pump sur cette vieille aile). Avant de gonfler le boudin principal, on retourne l'aile et une personne la maintient au dessus du pont. L'aile est donc maintenu à l'envers par rapport à la position classique utilisée sur la plage pour gonfler l'aile, mais dans la position utilisée pour poser l'aile sur la plage. Une autre personne commence à gonfler l'aile. Une petite astuce permet à l'embout de sauter, juste quand la pression est suffisante.
Gonflage de l'aile |
Une fois l'aile gonflée, une personne continue à la tenir en la décalant d'un côté ou de l'autre afin qu'une autre puisse attacher les lignes aux extrémités de l'aile. Une fois les 4 lignes attachées (pas de 5ème ligne sur cette aile), l'aile est mise à l'eau et poussée sous le vent par le vent, plus vite que le bateau retenu par l'ancre flottante.
On déroule ensuite les lignes : une personne tourne la manivelle pendant qu'une autre "tire" les lignes vers l'extérieur du système, vers le kite pour l'aider à partir et ne pas avoir de mou dans les différentes renvois (sinon attention aux nœuds!). Les frottements sont en effet important car certains systèmes peu fiables ont été doublés, ou des renvois manquants. Cela devrait bientôt être amélioré. En attendant, une bonne communication est pour cela nécessaire (nous avons au début eu des difficultés de vocabulaire sur les actions à réaliser).
Manivelle du winch |
En théorie, une fois les lignes déroulées (longueur arbitraire), on décolle l'aile à partir de l'eau, comme en kitesurf.
En pratique, le vent est faible et le lancement ne fut pas si facile avec la petite aile. La difficulté principale dans ces conditions étant de retourner l'aile pour que le boudin ne soit plus en bas.
Différentes techniques furent essayées avec plus ou moins de succès :
- Tendre les deux lignes arrières à la fois en lâchant complètement les avants afin de décoller l'aile en marche arrière, puis de lui faire faire demi-tour, avant de repartir en marche avant en relâchant les lignes arrières.
- Alterner des tensions sur une ligne arrière, puis l'autre afin de faire osciller l'aile en milieu de fenêtre en profitant de son inertie, jusqu'à la faire basculer
- Reprendre de quelques mètres les lignes avant puis les lâcher d'un coup afin de détendre les lignes et permettre au vent d'aider le cerf-volant à basculer sur son dos.
- Utilisation de la 5ème ligne pour faire basculer l'aile sur le dos
L'aile fit parfois des tours sur elle-même, autour de l'axe des lignes, ou d'avant en arrière. Cela finit par compliquer le pilotage, et contrairement à une barre de kite classique, il n'y a pas moyen de défaire ces tours une fois en l'air (à moins de faire des kiteloops).
Une difficulté supplémentaire venait du fait que le trim n'était pas réglé pour la 12m2 est que nous ne connaissions pas son réglage. Le pire était lorsque l'aile n'était pas assez "trimmée". Dans ce cas, l'aile était surbordée même en lâchant complètement les lignes arrières, et avait tendance à partir en marche arrière (donc difficile pour décoller).
Une aile trop "trimmée" était plus facile à décoller en prenant les lignes en direct. Afin de reprendre le contrôle avec les poignées, il faut cependant faire le réglage en relâchant les lignes avant une fois l'aile en l'air.
Le pilotage de l'aile est assez similaire à ce que l'on peut faire en kitesurf. L'aile a peut-être besoin d'être plus bordée (en tout cas la 12m2, trop petite) pour avoir de la puissance supplémentaire.
Le barreur peut aider au pilotage de l'aile. La règle générale est d'avoir les lignes à environ 45° du bateau, jamais plus. Cela donne par exemple un bon repère pour le près quand l'aile est sur le côté de la fenêtre de vol. Au cas où l'aile repart dans la fenêtre pour une raison ou une autre (trajectoire, aile surbordée), il faut abattre pour la suivre. Sans cela la traction de l'aile peut devenir trop forte et faire gîter le bateau, ou endommager du matériel.
Nous avons eu le problème une fois où l'aile est repartie de l'autre côté de la fenêtre de vol suite à une erreur de pilotage. Malgré une action rapide pour suivre l'aile à la barre, l'aile s'est retrouvée à plus de 90° de l'axe du bateau, stoppant le bateau vers l'avant et stoppant également sa rotation, la barre ne permettant plus de manœuvrer. Nous avons entendu un claquement, mais sans constater de dégât. Ce n'est qu'en rentrant que nous avons vu que le chariot avait sauté d'un cran.
C'est peut-être une des pires choses qui puissent arriver en kiteboat, et qui a déjà conduit quelques pionniers à jeter l'éponge, le kite traversant la fenêtre pouvant conduire à un coup de gîte, un chavirement, un décollage du bateau, ou à blesser une personne se trouvant sous le vent dans le chemin de la ligne. Ici, vu que le bateau est stable, et que nous étions tout de même 3 à bord avec une petite aile et peu de vent, cela n'a pas été trop effrayant.
Une idée contre cela pourrait être d'avoir un largueur automatique, par exemple un bâton vertical qui serait poussé par les lignes au dessus d'un certain angle par rapport à l'axe du bateau.
Malgré cela, nous sommes ensuite passés à la 18m2 pour faire quelques bords avant un retour au coucher du soleil vers 22h.
Un horizon dégagé grâce au kite |
Maxime chargeait ensuite le bateau sur la remorque. Le bateau en PVC/polystyrène ne pèse que 200kg ce qui permet de le tracter avec un permis B limité à 750kg, de naviguer sur tous les plans d'eau et d'éviter de payer une place au port toute l'année, ou des grutages fréquents.
D'après Maxime, l'étrave large et ronde permet de survoler le clapot |
Moteur 6CV
Très pratique, il permet de manœuvrer au port, puis au bateau de filer à 9kt, et de rentrer rapidement au port après les essais ou si le vent tombe.
Par contre, les lignes se sont prises plusieurs fois dans l'hélice. Un moteur jet permettrait d'éviter d'avoir ce problème. Un moteur inboard éviterait également d'avoir des éléments aériens qui dépassent dans lesquels peuvent se prendre également les lignes. Une autre solution est d'avoir un arceau sur l'arrière (dans l'air et sous l'eau) qui va empêcher les lignes de venir en direct (mais ce n'était pas tellement le cas).
On aurait pu utiliser la motorisation pour s'aider à lancer l'aile en mettant un peu de marche arrière, en stoppant complètement la dérive du bateau, voir pour reculer un peu, mais le bateau avec le pont ouvert vers l'arrière n'a pas l'air très adapté pour la marche arrière. A vérifier, notamment pour le support du moteur, pour l'instant assez fragile, ce qui expliquait le bout de sécurité relié au moteur.
Ancre flottante
Une ancre flottante était attachée à l'arrière tribord. A défaut de permettre de faire de la marche arrière, elle permet de ralentir la dérive du bateau, en s'ouvrant dans l'eau comme un parachute. Sans cela le bateau, conçu pour glisser le mieux possible sur l'eau, avance trop vite vers le kite, et il n'est jamais possible d'avoir les lignes tendues pour décoller l'aile.
L'ancre flottante ramenée à bord. |
L'inconvénient de l'ancre flottante est que le bateau sans vitesse n'est plus manœuvrant à la barre (surtout si on oublie de descendre le safran relevable dans l'eau...).
La position d'accroche du point d'attache détermine le cap d'équilibre du bateau (tribord amure au portant dans notre cas. Du coup le bateau a tendance à se décaler à droite par rapport à l'axe de la direction dans laquelle va le vent. Le résultat est que le cerf-volant traînant un peu dans l'eau a une tendance à vouloir décoller à gauche de l'axe du vent, c'est à dire du mauvais côté par rapport à la direction du bateau.
Il serait possible de jouer sur l'angle d'équilibre du bateau en jouant sur la position du point d'attache de l'ancre flottante, soit en modifiant la position du point d'attache, soit en ayant une patte d'oie réglable et deux points d'attaches (ce qui pourrait également empêcher d'avoir des tours). Cela n'était cependant pas possible sur l'arrière bâbord à cause du moteur hors-bord.
Schéma expliquant l'équilibre naturelle du bateau lorsque l'aile est dans l'eau, et la difficulté à décoller le cerf-volant du bon côté |
Une fois que le cerf-volant est en l'air, on peut enlever l'ancre flottante. Si le cerf-volant tombe à l'eau, il faut rapidement la lancer à l'eau afin d'éviter que le bateau n'avance sur les lignes, et de perdre du temps à attendre que le cerf-volant dérive de nouveau au milieu de la fenêtre de vent pour le redécollage
5ème ligne
La 12m2 n'était pas équipée d'une 5ème ligne, bien présente sur la 18m2. Cette ligne, fixée au milieu du boudin, sert normalement pour la sécurité et permet de choquer complètement l'aile lorsque les 4 autres lignes sont larguées de quelques mètres.
Mais elle permet aussi de faciliter grandement le décollage, notamment dans le vent faible. Pour cela il faut à la fois tendre cette ligne et une ligne arrière pour faire basculer l'aile sur le côté.
Bobine Do It Yourself pour la 5ème ligne |
L'utilisation du chariot permet de limiter la gîte du bateau en le descendant un peu sous le vent. Pour cela contrairement à un chariot de grand voile, il faut mettre un peu d'énergie, la position d'équilibre étant au milieu. Remettre l'aile vers le zénith facilite donc la manœuvre.
Dérives
Le bateau est doté de deux dérives sabres asymétriques. Pour l'instant, elles sont simplement équipées d'une poignée pour les remonter. Au début nous descendions les deux dérives, ce qui permet de freiner le bateau pour les débutants, comme en "chasse-neige". Pour faire un peu plus de vitesse, on ne garde que la dérive sous le vent. La dérive au vent se cale en position haute, juste en tirant un peu dessus. Il faut bien le faire, sinon la dérive finit par retomber (en général par magie au moment où Maxime dit qu'il faudrait la remettre!).
Les lignes se sont également coincées une fois dans les dérives, mais sans difficulté pour les décoincer.
La dérive se met à chanter lorsque le bateau accélère, aux alentours de 7kt puis 12kt d'après Maxime, ce qui nous a donné une petite idée des performances.
Sécurité
Le bateau est considéré comme un bateau expérimental, et n'est pas soumis à la "Div 240".
Cela permet d'aller à 6 miles des côtes. Le bateau n'a pas de filière de sécurité, mais vu le peu de gite, ce n'est pas gênant dans la partie arrière. Il n'y a normalement pas besoin d'aller sur l'avant du bateau, mais cela pourrait arriver. Mouillage?
Nous avions à bord une VHF portable sur le canal 16, relié par un petit bout au bateau.
L'un de nous avait un couteau sur lui au cas de besoin de couper les lignes. Un étui de rangement pour un couteau de sécurité serait le bienvenu.
What is next?
Un deuxième bateau est en construction. L'objectif à terme étant une commercialisation du bateau pour permettre la pratique à tous.
En attendant, ArmorKite mise plutôt sur des formations ou des locations pour les "early-adopters" (armorkite, clickAndBoat). Pour cela Maxime et Thibaud suivent actuellement la formation de moniteur de voile qui devrait permettre la formation et la location de l'AK650 (notamment depuis que les activités liées au kite nautique ont été reprises par la Fédération Française de Voile).